J’ai décidé d’écrire une trilogie de science-fiction, et c’est un défi passionnant.
Comme beaucoup d’entre vous, j’ai un souvenir ému de mes lectures d’adolescent : Ray Bradbury, Jack Vance, Stanislas Lem, Frédéric Brown, Isaac Asimov et bien d’autres. Très tôt, ces lectures m’ont fait comprendre que science et littérature étaient les deux faces d’une même chose, que l’on nomme créativité, art, imagination ou beauté. Les histoires, comme les découvertes nous émerveillent, nous surprennent, nous interrogent, ou nous inquiètent.
La théorie raconte qu’il y a trois sources d’inspiration pour un écrivain. Son expérience personnelle (ce qu’il a vécu), ses connaissances (ce qu’il a lu et observé), et son imagination (ce qu’il a inventé). Le ratio entre ces trois sources varie en fonction que l’on écrive un roman autobiographique, un roman historique ou une pure fiction de fantasy.
J’ai trouvé dans la science-fiction un bon équilibre, presque 1/3, 1/3, 1/3. Le cadre m’oblige à inventer un nouvel univers (mon imagination), qui repose sur des bases scientifiques crédibles (mes connaissances), et dans lequel je projette mes valeurs et ce que j’ai appris de la vie (mon expérience).
Pour moi, un récit de science-fiction est une histoire dont le cadre spatio-temporel n’est pas celui du temps présent. Le reste ne change pas : la psychologie des personnages, la cohérence narrative, l’intensité dramatique des situations, les valeurs instillées par l’histoire.
Avant de me plonger dans l’écriture de mon synopsis, j’ai beaucoup regardé de séries ou de films de SF. Beaucoup s’attachent à l’univers au détriment de l’histoire, comme si le décorum suffisait. Beaucoup rabâchent les mêmes dystopies apocalyptiques, comme si le futur était forcément pessimiste. Beaucoup se basent sur une vision stéréotypée de l’IA, bien souvent anthropomorphe et inquiétante.
Autant de contraintes que je me suis fixé : comment sortir de ces stéréotypes ? Comment sera le monde dans 200 ans ? Comment était-il il y a 200 ans ? Quels sont les invariants de l’humanité ? Quels seront nos défis ? (en plus des conséquences du dérèglement climatique)
La science et les faits sont têtus. Les limites des sciences physiques sont universelles. Je milite pour un retour à la hard-SF, sans déplacement plus vite que la vitesse de la lumière, y compris pour les ondes électromagnétiques (donc pas de communication instantanée), avec des vieux rafiots qui n’iront guère plus vite que ceux d’aujourd’hui.
En science, il n’y a rien (et il n’y aura rien) de magique, et c’est ce qui fait toute la noblesse et la tragédie de la condition humaine. Nous sommes seuls sur une toute petite planète, noyée dans l’infiniment grand, et prisonnier d’un univers physique aux lois immuables. Comment nous dépatouiller de cela ?
En vérité, parler de science-fiction revient à parler de l’humanité : de nos mythes passés et à venir. C’est un exercice passionnant et revigorant.
Le premier tome de la trilogie Baryonique, s’intitulera « La catastrophe de l’Orca ». À moins que nous changions le titre d’ici mars 2023, car le futur est rarement prévisible.
Dans cette aventure, je suis accompagné par David Meulemans, mon éditeur Aux Forges de Vulcain.